Exploration Urbaine (Urbex) : à la découverte des lieux abandonnés

Urbex : définition

L’exploration urbaine, également appelée urbex (Urban Exploration), est une activité consistant à visiter des lieux abandonnés par l’homme. C’est à partir des années 80 que l’urbex apparait en France, notamment en région parisienne où beaucoup de lieux sont propices à cette activité. La pratique se démocratise à partir des années 2000 avec le développement d’internet, elle devient de plus en plus connue du grand public, avec la puissance des réseaux sociaux. Cette pratique attire de plus en plus d’adeptes en quête de sensations fortes, d’aventures et de découvertes insolites. Les explorateurs urbains peuvent s’aventurer dans des bâtiments industriels désaffectés, des hôpitaux abandonnés, des maisons en ruine, des tunnels, et même des parcs d’attractions. Les passionnés d’exploration urbaine s’y aventurent par intérêt pour l’histoire, pour capturer des photographies ou simplement pour le frisson de découvrir un lieu rarement visité.

 

Pour ma part, les lieux que je préfère explorer sont les châteaux et les églises/chapelles. Ils offrent une grande diversité de prise de vue photographique, de plus, il émane de ces lieux un certain cachet et un aspect historique. Ces lieux, souvent chargés d’histoire et de mystère, offrent une opportunité unique de plonger dans le passé et de découvrir des espaces inaccessibles au grand public.

Les Règles de l’Urbex

L’exploration urbaine est guidée par un code de conduite non officiel mais largement respecté parmi les passionnés :

  • Ne pas révéler les lieux explorés : les explorateurs urbains évitent de partager publiquement les adresses des sites visités pour les protéger du vandalisme et des dégradations. Cela aide à préserver ces lieux pour les futurs explorateurs et à respecter leur état original. Il ne faut pas oublier que derrière chaque bâtiment, même s’il est abandonné, se cache un propriétaire.
 
  • Ne rien prendre sauf des photos : la règle d’or de l’urbex est de laisser les lieux intacts. Il s’agit de ne rien emporter en souvenir, ce qui contribue à conserver l’authenticité et l’intégrité des sites visités. Certains châteaux ont été complètement pillés et il n’est pas rare que des objets disparaissent au fur et à mesure des explorations. C’est dommage !
 
  • Ne rien laisser sauf des empreintes : les explorateurs doivent veiller à ne laisser aucune trace de leur passage, respectant ainsi l’intégrité des lieux. Cela inclut ne pas laisser de déchets ou de graffitis, afin de maintenir les sites propres et intacts. Malheureusement, de nombreuses personnes en mal de reconnaissance font des tags sur les murs avec leurs pseudonymes.
 
  • Respecter la sécurité et la légalité : bien que l’accès à ces lieux soit souvent illégal, les urbexeurs se doivent de minimiser les risques pour eux-mêmes et pour les autres. Cela implique de ne pas forcer les entrées et de demander une autorisation à chaque fois que cela est possible.
 
  • Soyez discret : il est important de toujours être discret lors de l’approche du spot urbex et à l’intérieur de celui-ci. En étant vu par les voisins ou des personnes passant en voiture, le lieu risque d’être compliqué d’accès pour les explorations futures (accès condamnés, voisins méfiants, caméras, alarmes, rondes de la gendarmerie…). Le bon sens veut que l’explorateur gare son véhicule assez loin et de surtout prendre son temps, lors de l’approche du lieu. L’effet de groupe peut aussi être un facteur négatif lors de l’approche et sur la discrétion de manière général. L’urbex n’est pas un lieu public comme un musée, que l’on peut visiter à sa guise.

Les dangers de l'urbex et les risques juridiques

Les dangers de l'urbex :

L’exploration urbaine présente plusieurs dangers :

 

  • Risques physiques : les structures des bâtiments abandonnés sont souvent instables. Il y a un risque d’effondrement, de chutes à travers des planchers pourris, ou de blessures causées par des débris tranchants et de la verrerie brisée. Les sites peuvent également être mal éclairés, augmentant le risque de trébucher ou de se blesser. A chaque exploration, je commence toujours par le rez-de-chaussée en inspectant le plafond avant de m’aventurer dans les étages. Il est aussi important de faire attention en cas de forte présence de champignons et de mérule (taches orange sur le bois), qui aura tendance à rendre les planchers spongieux et particulièrement fragile. Il n’est pas rare maintenant de retrouver dans la presse la mort d’un explorateur ayant traversé un toit ou un plancher, les adolescents sont particulièrement concernés par le phénomène.  Enhardis par la visibilité sur les réseaux sociaux et la course aux likes, ils oublient toute règle de prudence en se filmant, avec de temps en temps une fin tragique malheureusement.
 
  • Problèmes de santé : certains sites peuvent contenir des substances toxiques comme l’amiante, le plomb, ou des produits chimiques abandonnés. La moisissure et d’autres agents pathogènes peuvent également poser des risques, notamment pour les personnes souffrant d’allergies ou de problèmes respiratoires. Cela peut paraître bête, mais la vaccination contre le tétanos est importante. J’ai déjà transpercé plusieurs fois mon pied et mes chaussures avec de vieux clous rouillés ou un vieux portail.  
 
  • Rencontres inattendues : les urbexeurs peuvent rencontrer des animaux sauvages, des individus sans-abri, ou même d’autres personnes ayant des intentions malveillantes. Ces rencontres peuvent être imprévisibles et potentiellement dangereuses. Les toxicos avec leurs réactions imprévisibles sont les personnes que je redoute le plus durant mes explorations, ainsi que les gardiens avec leurs chiens. Un gardien a déjà lâché son chien sur moi et j’ai tout juste eu le temps de sauter la clôture en déchirant au passage mon pantalon.

Les risques juridiques :

L’urbex est souvent en zone grise du point de vue légal. Les principaux risques juridiques incluent :

 

  • Violation de propriété privée : l’entrée dans un bâtiment sans autorisation est considérée comme une intrusion illégale, passible de poursuites. Les propriétaires peuvent engager des actions en justice contre les intrus, ce qui peut entraîner des amendes ou des peines plus sévères. Les conséquences peuvent être graves : les personnes prises sur le fait encourent 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende.
 
  • Vandalisme et vol : même si les explorateurs ne commettent pas de vandalisme, ils peuvent être accusés de tels actes s’ils sont trouvés sur place. La simple présence sur les lieux peut être considérée comme suspecte. Cependant, toute détérioration intentionnelle ou non des biens visités peut entraîner des poursuites pour vandalisme. La destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui peut être punie de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, sauf s’il n’en résulte qu’un dommage léger. Dans ce cas-là, le code pénal prévoit une contravention pour dégradations légères allant jusqu’à 1 500 euros et les juges peuvent imposer des heures de travaux d’intérêt général comme sanction alternative. La sentence peut atteindre une durée de cinq ans d’emprisonnement assortis d’une amende pouvant aller jusqu’à 75 000 euros, en cas de circonstances aggravantes telles que la commission de l’infraction en groupe (d’où l’intérêt de ne pas être plus de 2/3 personnes), par une personne ayant volontairement dissimulé son visage, ou encore contre un bien public.
 
  • Mise en danger d’autrui : en cas de blessure ou d’accident, les urbexeurs peuvent être tenus responsables, surtout si leur présence conduit à des opérations de secours. Les autorités peuvent également tenir les explorateurs responsables des coûts liés à ces interventions. Les dégradations entraînant un danger pour les personnes sont punies de dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.
    Certaines régions ont des réglementations spécifiques qui peuvent affecter les explorateurs urbains. Par exemple, des lois locales peuvent restreindre l’accès à des sites historiques protégés ou à des infrastructures critiques telles que les installations industrielles désaffectées.

Comment bien se préparer pour faire de l’Urbex

Vous souhaitez vous lancer dans l’exploration urbaine ? Il est essentiel de préparer minutieusement votre sortie pour garantir une expérience réussie et sécurisée. Voici quelques conseils sur le matériel et la tenue à prévoir :

Avant de partir, il est crucial d’étudier votre destination. Consultez les cartes IGN et Google Maps pour repérer les possibilités de stationnement, en choisissant un emplacement suffisamment éloigné pour ne pas attirer l’attention. Sélectionnez également un point d’entrée discret, loin des regards (évitez les rues passantes et le vis-à-vis avec les voisins). Ne tournez pas trop autour du lieu à explorer pour éviter de susciter la curiosité et de compromettre votre entrée. Question sécurité, il vaut mieux partir à 2/3 pour explorer. J’effectue mes exploration presque toujours seul, en cas de pépin, j’ai préalablement donné les emplacements que je visite à une personne de confiance. J’envoie un texto en début d’exploration et à la fin pour dire que tout s’est bien passé.

Pour vous protéger efficacement contre la végétation et les débris, portez un pantalon technique anti-coupure et des chaussures de randonnée robustes. Ces vêtements minimisent les risques d’entorses et de coupures.

 

Ce que l’on peut retrouver dans mon sac :

Le matériel photo :

 

  • Un reflex full frame avec trois objectifs, j’ai la particularité de photographier uniquement avec des focales fixes.
 
    • Le 24 mm, grand angle indispensable à l’urbex qui réalise la plupart des photos visibles sur le site.
    • Le 50 mm, qui me permet de faire des plans plus rapprochés sur un partie précise d’une pièce par exemple.
    • Le 100 mm macro, qui me plaît beaucoup, je l’utilise pour tous les détails.
 
  • Un trépied : indispensable pour réussir des photos en basse lumière, notamment dans des intérieurs souvent sombres.
 
  • Une batterie et une carte SD supplémentaire.
 
  • Un déclencheur à distance, pour éviter le flou de bougé lors de la prise de vue sur trépied.
 
  • Un part soleil pour les objectifs. Cela peut sembler surprenant d’utiliser un part soleil à l’intérieur d’une urbex, mais cela permet d’éviter l’effet de flare (présence cercles lumineux colorés plus ou moins larges sur l’image).
 
  • Un crayon carbone pour nettoyer les objectifs.
 

Le reste :

  • Une bouteille d’eau et de quoi manger, il m’est déjà arrivé de passer une journée sur un seul spot et cela évite de partir en pleine session photo et de risquer une nouvelle entrée.
 
  • Une lampe frontale, très pratique quand l’intérieur n’est pas beaucoup éclairé et que l’on veut avoir les mains libres.
 
  • Un sac à dos assez robuste, avec une barrette de poitrine afin de pouvoir escalader plus sereinement si c’est nécessaire. Personnellement, j’utilise un sac à dos de 40 L, avec de nombreuses poches, qui permet de stocker tout le matériel.
 
  • Un masque médical pour se protéger des champignons, de la poussière et parfois atténuer des odeurs fortes.

Comment trouver des lieux abandonnés

La question la plus récurrente après le fameux “c’est où ?” concerne la manière de trouver des lieux abandonnés. En tant qu’explorateur urbain, je me dois de protéger ces endroits en ne divulguant pas leurs adresses, quels que soient les projets derrière les demandes. Je ne suis pas un office du tourisme des bâtiments abandonnés ! Avant de poser la fameuse question, prenez au moins le temps d’effectuer quelques recherches.

Comme beaucoup d’autres, j’ai commencé mon aventure avec des lieux déjà bien connus et largement documentés, tels que l’hôpital désaffecté du Grau-du-Roi. Ce genre d’adresse est assez simple à trouver après quelques minutes de recherche en ligne.

 

Techniques de recherche

 

Je m’appuie principalement sur des outils cartographiques comme Géoportail et Google Maps. Ma méthode consiste soit à cibler directement des châteaux et les églises/chapelles, soit à parcourir de manière aléatoire la carte, en quête de bâtiments envahis par la végétation ou présentant des signes visibles d’abandon, comme des toitures effondrées. Ensuite, j’utilise Google Street View lorsque les images sont disponibles. Cela me permet d’évaluer l’état général des lieux, comme l’apparence du portail et l’avancée de la végétation. Je recherche systématiquement des signes d’abandon tels que des fenêtres brisées, des portes barricadées, ou une végétation envahissante.

 

Il est facile de trouver de l’inspiration et des informations sur une multitude de plateformes en ligne. Les réseaux sociaux comme Instagram et Facebook, ainsi que des sites web dédiés et des banques d’images telles que Flickr et Pinterest, sont d’excellentes sources d’idées. Par ailleurs, une part importante de ma recherche consiste à éplucher des articles de presse, tant locaux que nationaux. Les articles relatant des saisies judiciaires, des fermetures administratives, ou des incendies peuvent souvent révéler des lieux abandonnés intéressants.

 

Enfin, de nombreux endroits abandonnés sont découverts par hasard, au détour d’un road trip ou tout simplement en se baladant. Gardez les yeux ouverts et l’esprit curieux, car l’exploration urbaine réserve toujours des surprises inattendues.

 

L’exploration urbaine demande patience et persévérance. Avant de demander des adresses, investissez du temps dans la recherche et laissez-vous surprendre par vos propres découvertes. L’urbex est avant tout une aventure personnelle où la quête fait partie intégrante du plaisir.

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